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Libre de se faire soigner ?


Leïlaa
Go to solution Solved by Moumou,

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Bonjour !!

 

Je me pose une petite question ^^

En santé publique, sur le cours du droit à la protection de la santé on dit qu'il y a une obligation morale individuelle de prendre soin de son corps afin de limiter les coûts ultérieurs de la maladie si elle survient. Et en SSH sur le cours de l'introduction au droit, éthique et morale, on dit qu'il faut respecter le choix du patient qui est libre de se faire soigner ou pas. J'ai bien conscience que prendre soin de son corps et se faire soigner sont 2 choses différentes mais pas tant que ça en fait puisque si un patient a par exemple un cancer, qu'il refuse des soins et bien son cancer va s'aggraver et cela va à l'encontre de cette fameuse obligation morale de prendre soin de soi.

Je chipote mais cette question me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps ! Du coup est-ce que ces 2 affirmations n'ont rien à voir entre elles ou est-ce qu'il y a une sorte de compromis ?

 

Merci de votre avis ^^

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  • Ancien Responsable Matière
  • Solution

Salut, 

Je vais essayer de t'expliquer avec ma façon de voir les choses en espérant que ça te convienne.

Alors pour moi, ce sont deux notions totalement différentes même si on peut avoir l'impression du contraire d'une part parce qu'elles ne surviennent pas dans le même contexte et d'autre part parce qu'elles ne répondent pas aux mêmes "logiques"

Une personne qui n'a pas de pathologie ou "d'anomalie" mettant en danger son état de santé doit prendre soin de son corps. Si elle ne le fait, on devra la prendre en charge. Tout ça coute de l'argent, du temps alors que ça aurait pu être évité et qu'on aurait pu prendre en charge d'autres personnes en ayant vraiment besoin. C'est une obligation envers les autres qui répond, entre autre, à une logique économique.

Ensuite, la liberté de se faire soigner ou pas intervient dans un contexte où le patient est déjà malade et où il a le choix de recevoir des soins ou pas. Là, c'est plus une question d'éthique qui prend en compte le point de vue du patient, sa souffrance, sa culture,... Même si son état s'aggrave, ce n'est pas vraiment "sa faute" (je sais pas comment l'exprimer autrement donc c'est à prendre avec des pincettes) s'il en est là.

 

Est ce que c'est plus clair, ou tu as d'autres questions ?

 

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@Moumou Ok je vois déjà plus clair mais mais si le patient refuse de se faire soigner une pathologique naissante, alors elle va s'aggraver et va coûter plus cher par la suite si "finalement" il décide de se faire soigner tu vois ce que je veux dire... pour moi c'est là que se rejoignent ses 2 notions 😅

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  • Ancien Responsable Matière

Oui je comprends ce que tu veux dire mais tu ne peux pas vraiment associer ces deux idées. 
Tu ne peux pas comparer le cas d’une personne qui, par exemple, s’amuse à se casser des os pour le plaisir et qui va ensuite se faire soigner (oui c’est un exemple étrange) avec le cas d’une personne à qui on diagnostique une maladie grave, qui peut dans un premier temps, être dans le déni et qui peut ne pas vouloir être soignée puis qui plus tard doit être prise en charge car sa maladie s'est aggravée.

Dans le premier cas, la personne va bien et elle « décide » de se blesser d’elle même. Dans le deuxième cas, la personne est malade. Le fait de vivre avec sa maladie et éventuellement avec une thérapie lourde peut s’avérer très difficile physiquement et psychologiquement. 
‘Ça fait un peu écho au dernier cours de SSH de Mr Savall sur la maladie et la société (pas au programme cette année). En gros la personne n’est pas responsable de son état et si elle refuse des soins, ce n’est pas simplement parce qu’elle « n’en avait envie » mais parce qu’il y a tout un tas de paramètres à prendre en compte comme le coût, l’acceptation de la maladie, la culture (qui peut parfois avoir un rôle très important), le ressenti du patient face à cette nouvelle, ... 

 

La maladie n’est pas « juste » une maladie. C’est un tas de conséquences que tous les patients ne sont pas prêts à affronter immédiatement. Il faut du temps. Certains accepteront de suite, d’autres refuseront définitivement et d’autres changeront d’avis, mais la progression de la maladie ne dépend pas QUE de leur potentiel refus concernant les soins. Refuser une chimiothérapie n’est pas la même chose que sauter du toit de ta maison pour atterrir dans la piscine, te rater et pleurer parce que tu t’es peut être cassé la jambe tu vois ? Oui j’ai un problème avec les os cassés je crois mdr.

Finalement si son état s’aggrave c’est Initialement à cause de la maladie alors que dans l’autre cas, c’est par choix. L’origine du problème n’est pas la même, même dans cadre de ta question. 
 

Après c’est ma façon de voir les choses et c’est peut être simplement ton opinion qui diverge de la mienne. 
J’espère quand même que ça peut t’aider mais honnêtement je ne sais pas trop comment l’expliquer autrement ! 

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Ok là je te rejoint entièrement !! J'ai mieux compris ce que tu veux dire oui ! Du coup je comprends mieux la différence entre ces notions et tes exemples d'os cassés étaient très parlant mdrr

Merci @Moumou d'avoir prit le temps de m'expliquer tout ça ^^

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  • Ancien du Bureau

Coucou @Leïlaa

 

Je suis entièrement d'accord avec tout ce qui a été dit par @Moumou, les exemples sont parfaits. Je viens juste rappeler quelques distinctions : le Pr Taboulet a sciemment choisi le terme d'obligation morale pour désigner le fait de prendre soin de son corps.

 

En se référant au cours du Pr Telmon, la morale désigne un ensemble de règles et de normes en vue, qui imposent de faire le bien, définissant ainsi les dualités juste/injuste, actions approuvées/réprouvées, tout simplement le bien contre le mal. Cela ne veut pas pour autant dire que tout un chacun a l'obligation de la respecter, car l'appareil de contrainte qu'est le droit ne considère pas systématiquement ces préceptes comme des obligations législatives, réglementaires. En bref, bien qu'on puisse invoquer l'idée d'impératif catégorique, les obligations morales ne sont que des directives en vue de faire le bien (ici le bien au niveau de la solidarité nationale, de la dépense d'argent public en raison de soins potentiellement évités) que le droit ne consacre pas forcément.

 

Au contraire, le refus de soins de la part du patient est un principe lui véritablement ancré dans la législation française : ce n'est pas détaillé en cours, mais il est consacré par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (loi Kouchner). Bien évidemment assorti de conditions et d'exceptions, ce droit est imposé par l'appareil législatif et prime sur toute autre considération, notamment morale sur la bienveillance du patient vis-à-vis de son état de santé : le patient pourra en tout temps refuser les soins qui lui sont proposés, peu importe ses obligations morales.

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  • Ancien du Bureau
Le 25/04/2020 à 20:18, Leïlaa a dit :

Wow que c'est bien dit @sebban (j'aimerai savoir écrire comme toi !)

C'est gentil 😄 C'est utile pour la SSH mais pas suffisant malheureusement, il faut également maîtriser toutes les notions...

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