Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Posted April 11, 2017 Bonsoir. Un étudiant en PACES m'a posé personnellement un certain nombre de questions sur la messagerie de Tutoweb. Nous sommes convenus d'en faire profiter tout le monde. Je poste ci-dessous, dans l'ordre, les messages de la conversation que nous avons eue.
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Salut, je voulais te demandais quelque chose a propos des récepteurs ROC et LGIC. Je voulais savoir si on peut dire que les LGIC et ROCs sont tout les deux chimio-dépendants, et que les LGIC sont ionotropes alors que les ROCs sont métabotropes .. Merci d'avance pour ta réponses
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Bonsoir. Quand on se lance dans la sémantique en médecine on perd bien souvent la tête ... 1. Pour commencer le Pr. Jean-Michel Sénard a mélangé plusieurs nomenclatures pour réaliser son cours : Cibles des médicaments modificateurs des canaux ioniques. Le terme VOC est en réalité utilisé pour classer les canaux calciques (et uniquement eux !), il signifie voltage-operated calcium channels. Idem pour le terme ROC (receptor-operated calcium channels). Il existe deux autres types de canaux calciques : les SOC (store-operated calcium channels) et les SMOC (second messenger-operated calcium channels). Le terme correct qu'il aurait dû utiliser à la place de VOC est VGIC (voltage-gated ion channels), opposé de ce fait à LGIC (LGIC : ligand-gated ion channels). Dans ce cas où positionner les HCN (hyperpolarization-activated cyclic nucleotide-gated channels) ? La nomenclature actuelle des canaux ioniques les positionne dans un fourre-tout appelé : other-gated. Dans ce fourre-tout on trouve également des canaux activés par l'ATP, le PIP2, etc ... Peut-être que dans quelques années la nomenclature évoluera et inventera une nouvelle famille, par exemple les SMGIC (second messengers-gated ion channels) ? BREF. Comme d'habitude, il ne te faut retenir que le cours du Pr. Jean-Michel Sénard car c'est celui qui est prit en compte pour l'examen. 2. Les termes "chimio-dépendant" et "voltage-dépendant" ont été à l'origine inventés pour faire la distinction entre les canaux ioniques chimio-dépendants (= LGIC) et voltage-dépendants (= "VOC"/VGIC). 3. Idem pour les termes "ionotrope" et "métabotrope". Ils ont été inventés pour faire la distinction entre les récepteurs aux neurotransmetteurs de type LGIC (ionotrope) et de type RCPG (métabotrope). En conclusion, le problème de la sémantique en médecine c'est qu'elle se confronte à des découverte à un rythme effréné. Les nomenclatures se superposent sans adhérer à une logique d'ensemble.
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Pour te fixer les idées voici une version que j'ai simplifié de la nomenclature des canaux ioniques : I. VGIC = canaux ioniques voltage-dépendants Nav Cav (VOC) Kv HCN → Canal If II. LGIC = canaux ioniques chimio-dépendants = récepteurs-canaux 1. Récepteurs ionotropes = récepteurs-canaux aux neurotransmetteurs Récepteurs sérotoninergiques 5-HT3 : sérotonine Récepteurs nicotiniques (nAChR) : acétylcholine Récepteurs GABA-A : GABA Récepteurs glutamatergiques AMPA, NDMA, kainate : glutamate 2. Autres récepteurs-canaux Récepteurs purinergiques P2X : ATP extra-cellulaire III. « Other-gated » ROC : Gα, Gβγ SOC (store-operated channels) : Ca++ SMOC (second messenger-operated channels) → Récepteurs de l’IP3 (InsP3R) : IP3 → Récepteurs de la ryanodine (RyR) : ADPRc HCN : AMPc IRK (inward-rectifier potassium channels) : ATP intra-cellulaire, PIP2, Gβγ CNG (cyclic nucleotide-gated ion channel) : AMPc, GMPc
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Merci énormément pour avoir pris du temps sur ça ^^ du coup je me demande si dans les récepteurs ionotropes ont peu classer également les VGIC ou pas .. La sémantique est vraiment compliqué x)
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Non, comme je te l'ai expliqué les termes "ionotrope" et "métabotrope" ont été inventés pour faire la distinction entre les récepteurs aux neurotransmetteurs de type LGIC = récepteurs-canaux (ionotrope) et de type RCPG = récepteurscouplés aux protéines G (métabotrope). Les VGIC ne sont pas des récepteurs ! Ce sont des canaux ioniques voltage-dépendants. Je viens de modifier la classification de mon précédent post, jette-y un coup d'oeil.
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 D'accord c'est bon j'ai compris maintenant ^^ Merci en tout cas beaucoup !
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 J'ai une autre question moins importante. Tu as dit dans un de tes commentaire que je ne saurais retrouvé que pour pratiquer le sevrage a un patient on n'utilise pas d'antagoniste partiel (ou agoniste partiel). Or dans un cours du Pr Senard (ton bien-aimé ^^) il nous que pour le sevrage tabagique,on peut administrer de la varénicline qui est un antagoniste partiel (et la nicotine si je ne me trompe pas et un agoniste pleinl) :/ donc j'aimerai savoir ce que t'en pense peut être que je me trompe ou que c'est simplement une exception a la règle même s'il n'y a pas de "règle" en médecine ^^
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Bonsoir. Pour appuyer mon propos j'utilise deux citations de mon post sur le topic : Agoniste plein et partiel. 1. "Il ne faut jamais administrer un agoniste partiel à un patient traité par un agoniste plein." : c'est une règle absolue, l'association agoniste plein + agoniste partiel est une association illogique ! 2. "Le protocole de sevrage (arrêt du traitement) à la morphine consiste à diminuer progressivement les doses et surtout pas administrer un agoniste partiel !". Il en est de même pour les benzodiazépines et les antidépresseurs. Les recommendations quant à la méthode de sevrage sont : Réduction progressive des doses (paliers) ; Remplacement des formes à libération immédiate (LI) par des formes à libération prolongée (LP) ; Remplacement des molécules à demie-vie courte par des molécules à demie-vie longue. 3. Ceci étant dit, tu dois bien faire la distinction entre : Protocole de sevrage (ex : arrêt d'un traitement à la morphine, aux benzodiazépines, aux antidépresseurs) dont le but est de réduire progressivement les doses d'éviter l'apparition/limiter les symptômes du syndrome de sevrage, et ce jusqu'à l'arrêt complet de la prise de la substance. Traitement de substitution (première étape de la prise en charge de la toxicomanie aux opiacés, du tabagisme ...) dont le but est de remplacer la substance incriminée dans la pharmacodépendance dont souffre l'usager par un médicament qui a l'avantage de posséder un pouvoir psychotrope et donc addictif plus faible. Tu conviendras qu'un patient qui reçoit de la morphine pour traiter sa douleur n'est pas comparable avec un sujet qui consomme illégalement de la morphine ou de l'héroïne pour ses effets psychiques (utilisation détournée). La prise en charge de ces deux individus est donc différente. Pour le protocole de sevrage du patient traité par morphine, on veut à tout prix éviter la réapparition de sa douleur (symptôme principal du syndrome de sevrage dans ce cas). Il n'est pas envisageable de passer de la morphine (AI = 1) à la buprénorphine (AI = 0,3) qui a un effet analgésique maximum inférieur de 70% à celui de la morphine : la réduction est trop brutale ! Pour le sujet morphinomane ou héroïnomane la problématique est autre. Il est irréaliste, du fait de l'addiction au produit, de lui proposer d'emblée de réduire progressivement les doses et la fréquence des prises. La prise en charge ne se pratique évidemment que sur des usagers fortement motivés et prêt à accepter l'abstinence (même partielle). Elle est réalisée en deux étapes : Prescription d'un traitement de substitution aux opiacés, c'est-à-dire un médicament qu'il doit prendre à la place de la morphine ou de l'héroïne : la buprénorphine (AI = 0,3) ou la méthadone (AI = 1). La méthadone est préférée à la buprénorphine chez les consommateurs susceptibles de craving (besoin compulsif et irrésistible de prise de la substance) pour éviter les propriétés antagoniste partiel de la buprénorphine et l'apparition d'un syndrome de sevrage grave qui affecterait négativement la motivation de l'usager ; Mise en place d'un protocole de sevrage lorsque le sujet est stabilisé. On tente alors de réduire progressivement les doses jusqu'à un arrêt complet de la prise de la substance. C'est exactement la même chose pour la prise en charge du sujet tabagique : Traitement de substitution : varénicline (AI = 0,45) ou nicotine (AI = 1) ; Protocole de sevrage.
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Ça me fait plaisir que tu me poses des questions directement, c'est la preuve que tu as confiance en ma capacité à te répondre, mais j'aimerai en faire profiter tout le monde. Es-tu d'accord pour que je publie un topic avec tes questions et mes réponses sur l'espace Question de cours : UE6 ICM ?
Ptizêtreninja Posted April 11, 2017 Author Posted April 11, 2017 Oui oui il n'y a aucun soucis Oui c'est vrai que j'ai pas fait attention mais ma comparaison était en fait débile, c'est le vrai défaut d'un PACES il a toujours la tête dans le guidon .. M'enfin c'est pas grave merci pour cette explication je comprend mieux
Ancien du Bureau MrPouple Posted April 11, 2017 Ancien du Bureau Posted April 11, 2017 Du coup @Ptizêtreninja, pour ton sacre d'Empereur Vénérable des Médicaments t'es plutôt libre demain ou Jeudi ? Merci beaucoup d'avoir partagé tes réponses ultra-complètes sur le forum, pour que tout le monde puisse en profiter ! C'est toujours agréable d'avoir un message clair sur lequel se reposer et pas des hésitations souvent inexactes de PACES (exemple typique de mes messages) **s'éclipse doucement du forum ICM** Bref Merci !!
Oga Posted April 11, 2017 Posted April 11, 2017 C'est beau quand c'est clair < 3 Vraiment merci beaucoup, tu gères
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